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Insolite...
Des planètes habitables, vraiment ?
Les astronomes viennent de découvrir, annoncent de concert et en fanfare l’Observatoire européen austral, l’observatoire Keck et l’University of Washington, non pas une, ni deux, mais bien trois planètes « habitables » à deux pas d’ici, dans la constellation du Scorpion ! Deux pas, à l’échelle astronomique, bien sûr, soit 23 années-lumière, ou encore quelque deux cent dix mille milliards de kilomètres… Habitables ? Oui, ces trois astres se trouveraient dans la désormais fameuse et célébrissime « zone d’habitabilité » de leur étoile, Gliese 667C en l’espèce, comprendre à une distance qui permet à l’eau de demeurer liquide à leur surface. L’eau, la vie, etc, etc… Bien sûr, l’équipe de Guillem Anglada-Escude, Mikko Tuomi, Enrico Gerlach, Rory Barnes, Rene Heller, James S. Jenkins, Sebastian Wende, Steven S. Vogt, R. Paul Butler, Ansgar Reiners and Hugh R. A. Jones n’annonce pas explicitement que des formes de vie ont été observées au télescope sur ces trois nouveaux mondes, qui répondent au nom de Gliese 667C c, Gliese 667C f et Gliese 667C e, mais en tout cas l’annonce – qui suit une ribambelle de communiqués de presse concernant des planètes habitables aux quatre coins de la Galaxie – est bel et bien rédigée pour nous faire fantasmer…

Gliese 667C c, Gliese 667C f et Gliese 667C e

Rêver, c’est possible, et ce d’autant plus aisément que personne, dans les décennies à venir, ne pourra réfuter l’affirmation que ces planètes sont – ou non – habitables… Pour mémoire, rappelons que la question de l’habitabilité de la planète Mars est posée depuis quatre siècles, et qu’à ce jour, après quarante ans d’exploration in situ de la planète rouge, personne n’arrive encore à trancher la question ! Alors des planètes situées un million de fois plus loin que Mars ?
La recherche des exoplanètes, qui fait des progrès prodigieux depuis une bonne décennie, n’est pas exemple de « couacs » plus ou moins retentissants, comme cette planète « habitable », Gliese 581 g, qui n’existe probablement pas, ou encore ces planètes « terrestres » découvertes par le satellite Kepler, et qui se sont révélées à l’usage deux fois plus massives qu’annoncées. Dans le cas des planètes de Gliese 667C, la prudence doit, enfin devrait, prévaloir…
Gliese 667C est une étoile naine rouge appartenant à un système stellaire triple, situé, donc, dans la constellation du Scorpion. Cette naine rouge est trois fois moins massive que le Soleil et cent fois moins lumineuse que lui. D’après les chercheurs, cette étoile serait accompagnée de sept planètes… Ce système est-il habité ? La question est prise tellement au sérieux par certains chercheurs, que l’Institut SETI (Search for Extraterrestrial Intelligences) a même pointé son radiotélescope de Hat Creek pour surprendre l’éventuelle émission d’une (deux, trois ?) civilisations habitant possiblement sur l’un de ces mondes, hélas, en vain jusqu’ici !

Reprenons, plus sérieusement : en réalité, ces astres « habitables » ne sont que des points virtuels sur des courbes… Ils n’ont pas été observés directement, ou photographiés, par les astronomes avec leurs télescopes, leur existence a seulement été mise en évidence via la perturbation gravitationnelle qu’ils exercent sur leur étoile… A partir de ces sinusoïdes, les astronomes ont déduit des périodes, des masses, des diamètres, des densités… ne manquent que les ratons-laveurs. En fait, en réalité, le signal extrait par le spectrographe Harps du télescope de 3,6 m de diamètre de La Silla, au Chili, est tellement ténu, difficile à extraire du bruit de fond électronique – que les chercheurs le mettent en évidence via un calcul statistique. Résultat, ils reconnaissent volontiers que l’une au moins de ces sept planètes pourrait bien ne pas exister… La réalité des autres objets orbitant l’étoile est donc plus ou moins sujette à caution, mais en tout cas leurs caractéristiques pourraient encore changer, après de nouvelles analyses ou de nouvelles observations.

Mais si ces planètes existent bel et bien, et si, comme le supposent les chercheurs, elles sont de type « terrestre », sont elles habitables ou habitées ? Évidemment, personne n’en sait rien, tout d’abord parce que personne n’a jamais observé des planètes telles que celles de Gliese 667C : elles n’ont absolument rien de terrestre, leur masse étant comprise, d’après les calculs des chercheurs, entre deux et huit masses terrestres ! Sont-elles rocheuses, gazeuses, sont-elles couvertes d’eau ? Impossible de répondre à cette question, évidemment, puisque encore une fois, l’existence de ces astres n’a été déduite que de leur influence gravitationnelle sur leur étoile !

Mais enfin, si ces planètes, se révèlent telles que les astronomes les imaginent, alors, sont-elles habitables, finalement ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question : nous ne connaissons dans l’Univers qu’une planète habitée et personne ne sait comment la vie y est apparue… Comparées à la Terre, les planètes de Gliese 667C semblent bien exotiques… Un seul exemple : ces planètes tournent tellement près de leur étoile qu’elles tournent vers elle toujours la même face… Autrement dit, d’un côté de ces planètes « habitables », c’est le jour perpétuel, et une température de plusieurs centaines de degrés. De l’autre, la nuit perpétuelle, et une température de -200°C… A la frontière de ces deux hémisphères radicalement différents, une zone crépusculaire, le terminateur, où, probablement, s’échangent leurs températures extrêmes sous forme de vents violents. Bref, des mondes qui, ni de près ni de loin, n’évoquent des conditions terrestres. Habitables ? Vraiment ? La Terre a bénéficié durant quatre milliards d’années de conditions extraordinairement favorables pour voir la vie évoluer à sa surface – une étoile au rayonnement stable, une Lune pour stabiliser son orbite – autour de Gliese 667C, rien de tel : les naines rouges sont soumises à des éruptions d’une énergie inouïe – c’est comme si, soudain, le Soleil devenait dix fois plus brillant et nous bombardait d’ultraviolets et de rayons X…

Bref, rien de ce que nous connaissons sur Terre ou même dans le système solaire n’est projetable dans un système tel que celui de Gliese 667C… Les planètes de ce système sont invisibles, leurs caractéristiques réelles sont inconnues, personne ne sait si elles sont, ou non, pourvues d’une atmosphère… L’exploration des autres mondes de l’Univers, initiée en 1992 avec la découverte de la toute première planète extrasolaire par Aleksander Wolszcszan et Dale Frail est extraordinairement intéressante et enrichissante en soi, pourquoi les chercheurs se sentent-ils obligés de ponctuer chacun de leur communiqué de presse concernant la découverte d’un autre monde – 900 à la fin juin 2013 – de l’adjectif « habitable» ?

Serge Brunier
www.science-et-vie.com